Jean-Pierre Schnetzler est né le 9 août 1929 à Nice, en bord
de mer, dans une famille catholique et riche en militaires. Son père officier
mutilé de la première guerre mondiale, est à l'origine
d'une vocation précoce pour la marine et des études secondaires
comme interne au Prytanée militaire.
A l'adolescence un débat interne
secret s'engage entre l'armée et un penchant récemment éclos
pour la vie monastique contemplative. Une solution moyenne se dessine vers la
médecine, quand, à l'issue du baccalauréat, la lecture du
livre d'Oldenberg sur « Le Bouddha, sa vie, sa doctrine, sa communauté»
déclenche un tremblement de terre.
En effet, Jean-Pierre Schnetzler constate qu'il savait déjà, sans le savoir, tout l'essentiel doctrinal contenu dans l'ouvrage, qu'il est parfaitement d'accord avec cet enseignement apparemment nouveau pour lui, et même étrangement familier avec certaines expressions. Il en arrive à la conclusion, parfaitement inacceptable dans ce milieu à cette époque, qu'il a été bouddhiste dans une vie antérieure. La conséquence pratique est que pour ne faire de peine à personne, et ne pas être pris pour fou, il convient de se taire hermétiquement. Le bien fondé de cette prudence se vérifie lors de ses études de médecine à Bordeaux, de 1946 à 1955, où il ne rencontre aucun bouddhiste et constate l'ironie méprisante de ses collègues lorsque l'Orient ou la réincarnation s'invitent dans la conversation.
Le choix de la psychiatrie comme spécialité médicale s'impose alors pour lui, comme naturellement située dans la ligne du traitement de la souffrance mentale, fondement du bouddhisme. Sa nomination comme médecin d'hôpital psychiatrique en 1955 lui permet, avec la sécurité matérielle, de visiter la capitale pour découvrir si elle héberge des bouddhistes. De fait une discrète « Société des amis du bouddhisme» , y lit, discute et édite des textes. Sa quête d'une pratique complète l'amène à chercher des étudiants orientaux à l'Université où il en découvre deux : les Vénérables Dhammarama du Cambodge, et Walpola Rahula de Sri Lanka. Il prend alors refuge avec eux, dans les formes rituelles, à la « Société des Amis du bouddhisme» , le premier dans ce cas.
S'ensuivent quelques années de pratique du Theravâda, et de la méditation, enraciné à Grenoble, où il est nommé en 1960. Il entame alors une analyse, qui lui permettra finalement de devenir analyste didacticien de l'école jungienne à la « Société Française de Psychologie Analytique» (SFPA), en sus de sa fonction de chef de service hospitalier.
En 1967 il établit un contact à Grenoble avec Maître Deshimaru qui vient d'y débarquer du transsibérien, ce qui lui permettra de découvrir le Zazen, le Mahâyâna, et de prendre les vœux de Bodhisattva. Progressivement un noyau local de pratiquants se forme, qui effectue des retraites à la campagne, si bien qu'un « Centre d'Etudes Bouddhiques» (CEB), ouvert à toutes les écoles, est créé en 1972, et finit par trouver une salle de méditation, 16 rue Thiers à Grenoble. Il en sera le premier président.
Entre temps sa rencontre avec Kalou Rimpoché, lors de son premier passage
à Paris en 1971, achève son parcours, cette fois au sein de l'école
Kagyu du bouddhisme tibétain.
L'exemple inspirant de ce maître l'entrainera,
en janvier 1975, à l'achat d'une ferme montagnarde, qui recevra en Novembre
1976, Lama Teunsang dont la persévérante énergie transformera
le site en la florissante congrégation de Karma Migyur Ling de Montchardon
à Izeron en Isère. En 1979, l'achat de ce qui restait d'une ancienne
Chartreuse, en Savoie, donna naissance à ce qui est aujourd'hui le centre
Kagyu de Karma Ling de Saint-Hugon à Arvillard en Savoie.
Outre cette activité organisatrice, de pratique et d'enseignement, Jean-Pierre Schnetzler est l’auteur de nombreux articles et ouvrages détaillés dans la rubrique Bibliographie. Son but, en écrivant, était d'informer sur le bouddhisme en intégrant les données scientifiques occidentales à la tradition spirituelle, surtout dans les domaines délicats, voire controversés, de la méditation et de la transmigration. De plus le nécessaire dialogue interreligieux a été instauré dans la région avec l'aide du Père de Give en 1981, et s'est continué jusqu'à ce jour.
Retraité de la fonction publique en 1989, Jean-Pierre Schnetzler vit à Karma Migyur Ling comme membre de la congrégation. Il y a enseigné et dirigé des retraites méditatives jusqu'en 2006, date à laquelle sa santé l'a contraint à cesser ces activités. En revanche il continue à partager avec ses lecteurs son précieux travail d'écrivain et de méditant.
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